Processus
« L’argile, matériau naturel à l’origine des premières représentations humaines du Paléolithique, dont sont composées mes pièces, est façonnée librement afin de déformer les caractères physiques particuliers à chacun, qui sont autant d’émotions à mettre en exergue. »
Fascinée par le corps habitacle de l’âme, corps habillé, corps drapé, corps architecture et corps mis à nu, je recherche la représentation la plus juste des sentiments au travers d’une enveloppe de chair. C’est une interprétation subjective en rapport avec ce que m’inspire la personne. Je débute avec quelques croquis ou de rapides ébauches en terre, puis je passe à la réalisation avec mon matériau de prédilection l’argile. Au début elle est froide et humide, mais elle se réchauffe petit à petit au contact de la main. Elle sèche sur les doigts, se craquelle, s’accumule sous les ongles, c’est une sensation presque enfantine. Je laisse venir la forme en tournant le modèle, pense trois dimensions, anatomie, volumes, jeux d’ombres, de lumières sur les pleins, les déliés, les articulations, angles, et arrondis. Ma quête de la représentation humaine s’inscrit dans une démarche humaniste, une recherche de la vérité : « démontrer qu’un corps même hors norme est synonyme de beauté, de sensibilité ». Je laisse les empreintes de mon geste sur mes pièces, comme une sorte d’écriture qui m’est personnelle.
La terre
Son utilisation est très ancienne. De tout temps, les artistes se sont servi de la terre pour créer et réaliser des formes ou des projets. Elle est facile à modeler. Elle est peu onéreuse et permet de sculpter, mouler une multitude de formes. Une fois cuite, on peut lui donner une infinité d’aspects par la patine.
La cire
C’est un matériau qui peut fondre et il est réutilisable. Elle peut être d’origine animale (cire d’abeille), minérale (paraffine), végétale. La cire fond à environ 80°C, en refroidissant elle durcit et se rétracte légèrement.
Le séchage
Lorsque j’estime qu’un modelage est achevé, je procède au séchage qui peut durer plusieurs semaines. Plus c’est lent meilleur sera le résultat. Je fais sécher les parties les plus épaisses en premier en protégeant les plus fines comme les abattis. Le temps de cette phase est très variable en fonction de la taille et de la saison. La perte d’eau est d’à peu près 10 %. Une fois bien sec, c’est au tour de la cuisson de prendre le relais dans un four spécialisé à plus de 1000°C, avec une montée en température et un refroidissement progressifs.
Les patines
J’applique mes matières par étapes. Je débute avec des matériaux pigmentés, des encres ou de la caséine que je tamponne sur la sculpture à la brosse, et fixe avec des liants. Les couleurs sont utilisées pures ou mélangées et les superpositions me permettent de souligner des volumes, des lignes d’en fondre et adoucir d’autres. Après de nombreuses reprises, je cire les sculptures jusqu’à ce que la patine me semble satisfaisante, que l’aspect me convienne. Quelquefois j’utilise des cires métalliques que j’applique par petites touches à la main ou au chiffon après séchage. Si l’on souhaite faire tirer plusieurs exemplaires numérotés dans des matériaux nobles comme le bronze ou plus abordables telle la résine colorée, un moule sera réalisé par un mouleur, métier passionnant qui se raréfie. L’apprentissage s’effectue dans les ateliers spécialisés auprès de professionnels qui maîtrisent la technique. La patine avec les oxydes sur le métal donne des résultats d’une intense beauté. La terre offre la possibilité de pratiquer l’art de la céramique, cependant, il convient de penser en amont sa création car cela aplanit les détails. Par endroits, la terre cuite nue boucanée donne des effets surprenants et graphiquement intéressants. Le Raku, une méthode d’émaillage craquelé, originaire du Japon est sans doute la technique la plus appropriée pour donner de la profondeur et une dimension supplémentaire à mes créations. Ces prochaines années, j’ai le projet de m’y atteler avec des céramistes en atelier.